Humaniser ou instrumentaliser l’animal ?
Trouver l’équilibre éthique en zoothérapie.
Tu l’as sûrement déjà vu.
Un chien habillé d’un foulard rose en séance.
Un chat déguisé pour “rendre la rencontre plus joyeuse”.
Ou, à l’inverse, un animal trimballé d’un établissement à l’autre, sans
pause, comme un simple outil thérapeutique.
Deux intentions opposées, mais une même dérive : oublier que nos animaux
ne sont ni des humains, ni des instruments.

Entre cœur et efficacité
Dans notre milieu, on parle souvent d’humanisation et
d’instrumentalisation de l’animal.
Deux pôles aussi fascinants que délicats.
Et si, au fond, ces deux extrêmes en disaient long sur notre propre
façon d’être en relation ?
L’humanisation, c’est quand on projette sur l’animal des émotions ou des
intentions humaines.
On croit qu’il “pense comme nous”, qu’il “comprend” nos mots ou qu’il
“aime se sentir beau” avec un accessoire.
Et pourtant, derrière la tendresse se cache parfois un risque : celui de
ne plus voir l’animal tel qu’il est.

Les bons côtés de l’humanisation
Quand elle est dosée, l’humanisation renforce le lien affectif.
Elle crée un climat de confiance, d’ouverture et d’empathie, autant
envers l’animal qu’envers les autres humains.
Elle aide le client à se connecter émotionnellement, à sentir, à
s’ouvrir.
Mais quand elle devient excessive, les repères s’effacent.
On interprète mal les comportements.
On impose nos codes humains à un être d’une autre espèce.
Et parfois, sans s’en rendre compte, on crée du stress ou de
l’inconfort.

À l’autre extrême : l’instrumentalisation
Ici, l’animal devient un moyen pour atteindre des objectifs précis.
L’approche peut sembler froide… mais elle a aussi ses vertus.
Elle structure les séances, clarifie les buts, permet parfois des
résultats mesurables.
Mais si l’efficacité devient une obsession, la relation s’éteint.
L’animal se fatigue.
Son corps s’épuise.
Et un jour, ce regard vivant s’éteint un peu trop vite.
C’est ce qu’on observe dans certaines pratiques intensives, où les
animaux enchaînent les visites sans repos.
Ces chiens ternes à trois ans, “usés” de trop donner.
Ces chevaux qui ne disent plus rien, parce qu’on ne les écoute plus.

Le miroir de notre propre posture
Ni trop humain, ni trop outil : c’est là que réside le vrai respect.
Nos animaux reflètent notre propre posture intérieure.
Quand on cherche la performance, ils se tendent.
Quand on cherche la connexion, ils respirent.
Et c’est souvent dans cette respiration partagée que naît la magie :
celle d’une présence juste, entre le cœur et la conscience
professionnelle.

Trouver l’équilibre
Comment maintenir cet équilibre ?
Voici quelques repères simples :
- Observer et écouter
Reste attentif aux signaux de stress, de fatigue, de désengagement.
Ton animal parle, mais autrement. - Réfléchir et t’ajuster
Remets-toi en question régulièrement : tes choix servent-ils
vraiment son bien-être ? - Te former en continu
Approfondis tes connaissances en comportement animal et en
éthologie. - Planifier avec soin
Intègre le repos, la variété et la liberté dans sa routine
d’intervention.
L’animal n’a pas besoin d’être “utile”.
Il a besoin d’être reconnu pour ce qu’il est : un partenaire sensible,
vivant, singulier.

En guise de réflexion
L’équilibre entre humanisation et instrumentalisation, c’est plus qu’une
technique.
C’est un engagement moral.
Un pacte silencieux entre deux êtres vivants.
Parce qu’en zoothérapie, on ne “fait pas agir” un animal.
On co-crée avec lui.
Et c’est dans cet espace de respect, entre science et cœur, que la vraie
guérison devient possible.

Et toi ?
As-tu déjà senti, dans ta pratique ou dans ta vie, que tu penchais un
peu trop d’un côté ?
Comment trouves-tu ton propre équilibre ?
Partage-le-nous — c’est en réfléchissant ensemble qu’on avance.
À bientôt,
Sylvie
Authenticité. Connexion. Transformation.

Réponses