La compétence maîtresse en intervention, et une façon tout à fait inusité de clore une séance.
L’art d’écouter pour vrai, questionner avec intention, et une façon tout à fait inusitée de clore une intervention.
En intervention, on parle souvent de techniques, de cadres théoriques, d’outils. Mais si on devait tout réduire à une seule compétence maîtresse, ce serait quoi ? : la qualité de ta présence. Et cette présence se manifeste par ton écoute, la manière dont tu poses tes questions, et ta capacité à offrir un espace sécuritaire où l’autre peut exister pleinement.
Ce n’est pas un outil. C’est une posture. Une manière d’être.
Et pourtant, c’est souvent ce qu’on néglige le plus.
Un de mes enseignants m’a déjà dit : On mesure la qualité d’une intervention par le nombre de questions posées…. Ça t’intrigue ? Lis jusqu’à la fin pour connaître mes trucs et ma façon plutôt inusitée de clore mes interventions. Tu vas être surpris(e) !
Pour une bonne qualité de présence, ça prend une écoute véritable
Écouter, ce n’est pas juste se taire pendant que l’autre parle.
C’est être réellement avec lui. Sans filtre, sans agenda caché, sans attente de résultat.
Trop d’intervenants écoutent pour répondre. Les meilleurs intervenants écoutent pour comprendre.
Et les intervenants les plus efficaces… écoutent pour que l’autre puisse se comprendre lui-même.
Les 3 niveaux d’écoute
- Niveau 1 : Écoute intérieure
Tu es dans ta tête. Tu entends l’autre, mais tu es occupé à penser : Qu’est-ce que je vais dire après ? Est-ce que je fais ça comme il faut ? - Niveau 2 : Écoute focalisée
Tu es concentré sur la personne. Tu cherches à comprendre ses mots, ses émotions. Tu mets ton propre dialogue intérieur en pause. - Niveau 3 : Écoute globale (ou écoute active profonde)
Tu es avec l’autre, mais aussi avec ce qui se passe entre vous. Tu captes les micro-expressions, les soupirs, les silences lourds de sens.
Tu entres dans le langage non verbal, l’intuition, le non-dit. C’est là que l’écoute devient une source de transformantion.
Objectif pour tout intervenant : s’entraîner à rester le plus souvent possible dans ce troisième niveau.
Je te partage ça en toute humilité, car moi-même je me surprend à des moments précis où je ne suis pas à l’ écoute. Ça arrive, juste le remarquer, et revenir à une pleine présence à l’autre.
Mais en zoothérapie, il y a un défi supplémentaire : la triade.
Lorsque l’on intervient en zoothérapie, on ne travaille pas dans une simple dyade (intervenant-client).
On œuvre dans une triade vivante : intervenant — animal — client.
Et cette triade change tout.
Car l’intervenant n’est pas uniquement appelé à écouter en profondeur le client, ni à être présent à ce qui se passe entre lui et l’autre.
Il doit aussi observer, ressentir et décoder en continu ce qui se passe entre :
- Lui et l’animal
- L’animal et le client
- Le client et lui-même
- Et même, parfois, entre l’animal et l’environnement
Autrement dit : tu écoutes à trois niveaux en simultané, en te demandant constamment :
- Qu’est-ce que mon animal me dit en ce moment par son comportement, son énergie, ses signaux subtils ?
- Est-ce que le client est connecté ou déconnecté de l’animal ? Et pourquoi ?
- Est-ce que je projette quelque chose dans la relation qui pourrait brouiller le lien ?
- Mon animal agit-il comme miroir, médiateur, amplificateur ou révélateur dans ce moment précis ?
Cette posture d’écoute complexe et sensible demande un niveau d’exigence supérieur.
Il ne s’agit plus seulement d’écouter l’autre, mais de lire l’intelligence relationnelle à travers un système vivant et interconnecté.
Et ça, aucun manuel ne peut te l’enseigner complètement. Ça s’apprend avec la pratique, la présence, et beaucoup d’humilité.
En zoothérapie, on n’écoute pas seulement les mots.
On écoute les silences, les regards… et les queues qui frétillent, les oreilles qui pivotent, les sabots qui tapent au sol.
C’est cette richesse, mais aussi cette complexité, qui fait de la zoothérapie une approche d’intervention aussi unique que puissante.
La qualité des questions : poser pour éclairer, pas pour orienter
Je crois que la qualité de tout ce qu’on vit dans la vie dépend de la qualité des questions qu’on se pose. La qualité de nos émotions, c’est essentiellement la qualité de la question qu’on est en train de se poser à un moment donné. Cette question génère une pensée, qui à son tour déclenche une émotion.
C’est comme un ordinateur : ce que tu entres comme donnée détermine ce que tu obtiens en retour.
C’est pareil avec ChatGPT : plus ta question est bonne, plus la réponse sera utile.
La qualité d’une question influence la qualité d’une relation, d’une entrevue, d’un appel de vente… tout.
Un bon intervenant ne donne pas de réponses. Il pose les bonnes questions.
Quand tu poses une bonne question à ton client, tu ouvres une porte.
Mais ce n’est jamais la première question qui transforme.
C’est la deuxième, la troisième… celles qui suivent, qui creusent, qui révèlent. La première est souvent plus superficielle.
Une bonne question est comme une lampe de poche : elle éclaire un coin de conscience que la personne n’avait jamais exploré.
Voici quelques distinctions clés à comprendre :
Mauvaises questions |
Bonnes questions |
Sont directives ou fermées |
Sont ouvertes et exploratoires |
Donnent l’impression d’un interrogatoire |
Créent un espace de réflexion |
Visent à obtenir de l’information |
Visent à stimuler une prise de conscience |
Font appel au mental seulement |
Engagent l’émotion, l’intuition, le ressenti |
Exemples de questions puissantes :
- Qu’est-ce qui est difficile à dire ici, mais qui aurait besoin d’être dit ?
- Et si tu n’avais pas peur, qu’est-ce que tu ferais différemment ?
- Où est-ce que tu sens cette émotion dans ton corps ?
- Qu’est-ce que cette situation essaie de t’enseigner ?
- Qu’est-ce que tu n’oses pas encore t’avouer ?
Ces questions ne visent pas la performance. Elles visent l’émergence.
J’aime aussi dire :
— « Donc ce que je t’entends dire, c’est que… »
— « Corrige-moi si je me trompe, mais est-ce que tu veux dire que… » et je fais une reformulation.
Ça montre que je t’écoute vraiment, et ça me confirme que j’ai bien compris.
Et ce n’est pas juste stratégique ou tactique. Je suis sincèrement intéressée.
Je me mets dans un état de connexion profonde.
Et ça change tout, dans n’importe quelle situation.
Même quand tu te parles à toi-même :
— « Pourquoi ça m’arrive à moi? » → mauvaise question.
— « Qu’est-ce que je peux apprendre de ça? »
— « Comment puis-je trouver de la joie dans cette épreuve? »
— « Quelle leçon y a-t-il dans cette tragédie? »
Ce que tu te demandes reprogramme ton cerveau.
On n’en est pas toujours conscients, mais penser, c’est se poser des questions à la vitesse de l’éclair.
La présence : ton outil d’intervention le plus puissant… et le plus silencieux
On cherche souvent à « faire » quelque chose pour aider.
Mais parfois, ce qui transforme vraiment l’autre, c’est ce qu’on ne fait pas.
Être présent, ce n’est pas juste être là physiquement. C’est être là intérieurement, sans distraction, sans vouloir corriger, sans chercher à être utile.
Ce que la vraie présence communique à l’autre :
- Tu es important.
- Tu as le droit d’exister ici sans être évalué.
- Je ne cherche pas à te réparer, je t’accompagne là où tu es.
Et ça, dans un monde saturé de jugements, de pression à performer, de réponses instantanées, c’est une approche très différente.
Et le silence, ce n’est pas un malaise.
Le silence indique le confort.
Pense à ça : quand tu es avec un inconnu en voiture, tu ressens le besoin de combler le silence.
Mais avec ton meilleur ami, tu peux rouler 30 minutes en silence.
Pareil avec ton conjoint.
Le silence indique que tu es à l’aise, que tu réfléchis à ce que l’autre a dit.
L’émotion, la connexion… ça se trouvent souvent dans le silence.
L’erreur fréquente : vouloir aider trop vite
On ne peut pas faire pousser une fleur en tirant sur sa tige.
Trop d’intervenants — avec les meilleures intentions du monde — veulent donner des conseils, des solutions, des stratégies.
Mais parfois, ce que la personne a besoin, c’est qu’on reste dans la tempête avec elle.
Pas qu’on lui tende un parapluie trop vite.
En intervention, on veut bien faire.
Dire la bonne chose. Apporter une solution.
Mais souvent, ce qu’il faut, c’est rien dire.
Juste être là.
Juste… présente. Silencieuse. Réceptive.
Tu crois que tu aides en l’aidant à trouver ses mots pour finir sa phrase ?
Mais l’aider, c’est lui donner l’espace pour se découvrir et trouver lui-même ses mots.
Rappelle-toi : la sécurité émotionnelle précède la transformation.
Ton pouvoir comme intervenant, ce n’est pas ce que tu sais. C’est comment tu es.
- Tu veux être un meilleur intervenant ?
Commence par devenir un meilleur humain. - Tu veux toucher l’autre ?
Sois accessible. - Tu veux qu’il t’écoute ?
Commence par l’écouter pour vrai.
On dit que la communication, ce n’est pas les mots, c’est comment tu fais sentir l’autre.
Et tu fais ressentir ça par l’intérêt sincère que tu portes.
Tu n’as pas besoin d’avoir des répliques parfaites.
En résumé pratique
Ce que tu peux mettre en pratique dès maintenant :
- Avant chaque rencontre, prends une minute pour te centrer (respiration, silence, ancrage).
- Observe sans juger : langage corporel, ton de voix, micro-changements.
- Choisis la lenteur : ralentir = créer un espace où l’autre peut émerger.
- Pose des questions qui ouvrent plutôt que des questions qui enferment.
- Et surtout… sois pleinement là. Parce que ta seule présence, parfois, suffit.
Et si on terminait autrement?
Comment terminer une intervention en zoothérapie… différemment
Je te propose une fin de séance tout à fait inusité, mais qui peut faire des miracles ! Après chaque séance, chaque échange, chaque moment partagé, prends 30 secondes et pose-toi intérieurement ces questions:
Qu’est-ce qui m’a le plus touché dans cette rencontre?
Qu’est-ce que l’autre m’a offert de précieux?
Puis … dis-le lui. Partage-le avec ton client !
Tu n’as pas idée comment juste cette simple pratique va transformer ta relation client, transformer la qualité de ta présence et je t’invite à mettre cela en pratique également dans ta vie personnelle.
Tu veux me partager ton expérience ? Laisse-nous un commentaire, c’est toujours un plaisir de te lire !
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