Le deuil animalier : quand le silence a une voix
Il y a quelques années, j’ai traversé une épreuve que, je crois, tous ceux qui travaillent en zoothérapie vivront un jour : la mort d’un petit être qu’on chérit.
Le premier que j’ai perdu, c’était un petit perroquet.
Je l’avais recueilli à l’époque où Charles et moi opérions un refuge pour oiseaux. Il était déjà âgé, fragile, négligé par sa famille précédente. On l’a soigné, accompagné, aimé. Pendant des mois, il a repris des forces, puis un matin… sa fragilité a eu le dernier mot.
Sa cage était vide, mais la maison, elle, semblait soudain beaucoup trop pleine de silence.
Et pourtant, on vivait entourés d’une trentaine d’autres perroquets, d’un lévrier, de tout ce monde à plumes et à poils qui remplissait nos journées. Mais rien n’y faisait. On a pleuré. On a crié. On a passé des nuits blanches à se demander : qu’est-ce qu’on aurait pu faire de plus ?
Un matin, je me suis même levée en sursaut, persuadée d’avoir entendu son cri.
Je suis allée jusqu’à sa cage… avant de me rappeler.

Non, on ne s’habitue pas
Quand on travaille avec les animaux depuis des décennies, on pourrait croire qu’avec le temps, la perte devient plus légère. Mais non. En 25 ans, j’ai accompagné plusieurs départs — chiens, chevaux, oiseaux — et à chaque fois, c’est une plaie neuve.
Le silence qui suit, ce n’est pas juste un vide.
C’est un cri muet qui s’installe dans la poitrine.
Une absence qui résonne dans chaque geste du quotidien.

Un deuil aussi réel qu’un autre
Est-ce que tu savais que le deuil d’un animal peut être aussi intense que celui d’un humain ?
La littérature scientifique le confirme : le lien affectif entre un humain et son animal peut être aussi fort — parfois même plus — que celui qui unit certaines personnes entre elles.
Des études montrent que pour plusieurs propriétaires, la perte d’un animal est vécue comme plus douloureuse encoreque celle d’un proche.
C’est pourquoi les étapes du deuil animalier sont comparables à celles d’un deuil humain :
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Le déni : refuser d’y croire, comme ce matin où je croyais encore entendre mon perroquet.
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La colère : contre le vétérinaire, un proche, ou même contre l’animal parti trop tôt.
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La culpabilité : surtout quand une euthanasie a eu lieu. Selon l’American Veterinary Medical Association (2022), 80 % des décès d’animaux de compagnie impliquent une euthanasie. Et 62 % des maîtres rapportent un sentiment persistant de culpabilité, même quand la décision était juste.
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La dépression : perte d’appétit, insomnie, retrait social. Une étude du National Center for Biotechnology Information (2015) estime que 30 à 40 % des endeuillés présentent des symptômes comparables au deuil humain.
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La résolution : apprendre à vivre avec l’absence, à se rappeler sans souffrir, à transformer la peine en gratitude.

Un deuil souvent invisible
Le deuil animalier est encore tabou, invisible.
Trois obstacles externes compliquent souvent les choses :
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Les proches qui minimisent : “C’était juste un animal…”
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L’absence de rituel collectif : ailleurs, comme au Japon ou au Mexique, on célèbre les animaux disparus. Ici, trop souvent, on vit ça en silence.
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Le manque d’espace pour en parler sans jugement.
Et il y a aussi les obstacles internes :
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Le doute (“Est-ce normal d’avoir aussi mal ?”)
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La peur du jugement (“On va me trouver ridicule.”)
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La culpabilité (“Ai-je fait le bon choix ?”)
C’est un chaos intérieur, un bras de fer entre deux voix :
Celle qui murmure “Tourne la page”, et celle qui crie “Je ne suis pas prête à laisser aller.”

Accompagner ce deuil, c’est aussi honorer la vie
Refouler sa douleur, c’est comme poser un pansement sur une plaie sans la nettoyer.
Ça cache le bobo, mais la blessure finit par s’infecter.
Reconnaître le deuil, au contraire, c’est honorer la vie partagée.
Et c’est une étape essentielle — que ce soit pour toi, ou pour une personne que tu accompagnes en zoothérapie.
Selon l’Institut de recherche sur le lien humain-animal (2021), 67 % des personnes affirment que la perte de leur animal a transformé leur rapport à l’amour, à la vie et aux autres.
Vivre ce deuil, ce n’est pas tourner la page.
C’est écrire un nouveau chapitre.
On ne remplace pas un animal.
On transforme le lien.

Comment avancer à travers ce vide ?
Voici trois actions concrètes pour mieux vivre ou accompagner le deuil animalier :
1. Nommer sa peine.
Écrire une lettre, parler à voix haute, partager ses souvenirs. Mettre des mots, c’est déjà commencer à guérir.
2. Créer un rituel.
Planter un arbre, garder un objet symbolique, fabriquer une urne ou un bijou.
Un tiers des propriétaires le font déjà — parce qu’un rituel aide à donner un sens à la perte.
3. Trouver sa communauté.
Partager avec d’autres qui comprennent. Lire des témoignages, échanger, se sentir entouré.

En guise de mot de la fin
Ne laisse personne te dire que ta peine est de trop.
Ton attachement était réel — ta douleur l’est tout autant.
Le deuil animalier, ce n’est pas une faiblesse.
C’est la preuve d’un amour profond, d’un lien qui a transformé ta vie.

Et toi ?
As-tu déjà vécu le deuil d’un animal ?
Partage ton expérience ou ton rituel personnel en commentaire — j’adore te lire, et ton témoignage peut aider d’autres à se sentir moins seuls.
À bientôt,
Sylvie
Authenticité. Connexion. Transformation.
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Ce que chaque Zoothérapeute doit affronter Le deuil animalier : mieux le comprendre, mieux le vivre, mieux accompagner. Tu découvriras pourquoi la perte d'un animal peut être aussi... www.youtube.com |

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