La zoothérapie en soins palliatifs : Une approche validée par la science
La révolution silencieuse qui transforme la fin de vie
Imaginez un patient en soins palliatifs, confronté à la douleur physique, l'anxiété et parfois la dépression. Maintenant, observez ce qui se passe quand un chien de zoothérapie entre dans la pièce : le rythme cardiaque ralentit, la tension artérielle baisse, les niveaux de cortisol diminuent, et souvent, un sourire apparaît.
Ce n'est pas de la magie. C'est de la science pure.
Une récente revue systématique publiée dans Frontiers in Psychology par Palomino-Lázaro, Rueda-Extremera et Cantero-García (2024) a analysé 16 études scientifiques rigoureuses sur la thérapie assistée par animal (TAA) en soins palliatifs. Leurs conclusions sont stupéfiantes.
Des données qui parlent d'elles-mêmes
Les chercheurs ont examiné 3 280 articles potentiels provenant de bases de données scientifiques comme PubMed, ProQuest, Psychology Database et Scopus, pour n'en retenir que 16 qui répondaient à leurs critères d'inclusion stricts.
Voici ce qu'ils ont découvert :
Impact sur les symptômes physiques
L'étude de Silva et al. (2021) a démontré qu'une seule séance de thérapie assistée par un chien était suffisante pour:
- Réduire significativement la douleur
- Diminuer la détresse émotionnelle
- Atténuer les sentiments de dépression
Krause-Parello et al. (2018) ont mesuré avec précision les marqueurs biologiques avant, immédiatement après, et 30 minutes après l'interaction avec un animal thérapeutique. Résultats :
- Diminution significative de 30 % des niveaux de cortisol (hormone du stress)
- Réduction mesurable du rythme cardiaque (réduction de 10 à 15 battements par minute)
- Réduction notable de la tension artérielle (diminution moyenne d'environ 10 à 12 mmHg pour la pression systolique)
Transformation psychologique mesurable
Les études analysées par Palomino-Lázaro et son équipe font état de bénéfices psychologiques considérables :
- Réduction de l'anxiété et de la dépression (documentée dans plusieurs études)
- Diminution des sentiments de peur et de colère
- Amélioration de l'humeur générale et du bien-être perçu
Le mécanisme biologique décodé
Silva et Osório (2018) ont documenté précisément comment fonctionne cette thérapie au niveau physiologique :
- La communication visuelle et le toucher avec les animaux déclenchent la libération de substances bénéfiques dans le corps humain :
- Ocytocine (l'hormone du bien-être)
- Endorphines (analgésiques naturels)
- Sérotonine (régulateur de l'humeur)
Ces substances contribuent à :
- Réduire la douleur
- Diminuer l'anxiété
- Abaisser le niveau de stress
- Augmenter les sensations de plaisir et de relaxation
Au-delà des patients : l'écosystème entier transformé
L'impact de la TAA s'étend bien au-delà du patient lui-même. L'étude de Turnbach (2014) révèle que:
- Les proches bénéficient de savoir que leur être cher reçoit ce type de thérapie
- Le personnel soignant constate une réduction de son propre stress
- L'environnement médical dans son ensemble devient moins tendu
Dans l'étude de Quintal et Reis-Pina (2021), l'équipe médicale a observé une réduction du besoin de médication d'urgence pour gérer la douleur et la dyspnée pendant les visites des animaux – un indicateur objectif crucial d'efficacité.
Ce que disent les patients et leurs familles
Cowfer et al. (2021) rapportent que presque tous les participants de leur étude ont souligné des aspects positifs de la TAA :
- Les patients se disent "plus heureux"
- Ils se sentent "plus détendus"
- Leur communication s'améliore significativement
Coleman (2016) confirme ces observations : les patients recevant la TAA en soins palliatifs expriment se sentir plus communicatifs, plus détendus et globalement plus heureux.
Un protocole scientifique rigoureux
La recherche de Palomino-Lázaro établit clairement que la TAA n'est pas une approche improvisée, mais une intervention thérapeutique structurée. Les études analysées ont suivi des protocoles précis et cette rigueur méthodologique renforce la validité des résultats observés.
L'avenir de la TAA en 4 recommandations concrètes
Sur la base des données analysées, les chercheurs formulent quatre recommandations précises pour optimiser la TAA en soins palliatifs :
- Sélection appropriée des animaux : Il est essentiel de choisir des animaux dociles, spécifiquement adaptés pour interagir avec des patients en soins palliatifs.
- Supervision qualifiée : Les patients doivent toujours être supervisés par un professionnel qualifié pendant les séances.
- Personnalisation des interventions : La TAA doit être adaptée aux besoins individuels de chaque patient.
- Approche interdisciplinaire : La TAA doit être intégrée dans le plan global de soins palliatifs du patient et fournie par une équipe multidisciplinaire incluant médecins, infirmières, travailleurs sociaux et thérapeutes.
Les zones d'ombre à explorer
Malgré ces résultats prometteurs, les chercheurs identifient plusieurs domaines nécessitant des recherches supplémentaires :
- Les mécanismes d'action précis de la TAA
- L'efficacité comparative de la TAA pour différents symptômes
- Les différentes espèces animales et leur impact spécifique
- La durée et fréquence optimales des interventions
- Les coûts associés à la thérapie
López-Fernández et al. (2024) ont démontré que la mise en œuvre d'un projet de TAA est faisable, sécuritaire et hautement acceptée par les participants et le personnel soignant. Mais comme le soulignent Cowfer et al. (2021), des études supplémentaires sont nécessaires pour évaluer pleinement l'efficacité et la faisabilité de la TAA en soins palliatifs.
La transformation des soins palliatifs est en marche
La TAA représente une modalité thérapeutique innovante avec un impact positif démontré sur diverses variables psychologiques et physiologiques, indépendamment du public cible et du contexte thérapeutique.
Dans le domaine de l'oncologie, la TAA est particulièrement pertinente. Le diagnostic et le traitement du cancer provoquent une souffrance physique et émotionnelle, augmentant la vulnérabilité au développement de troubles psychologiques qui peuvent directement affecter l'état clinique global du patient.
Les données sont désormais suffisamment convaincantes pour considérer la TAA non plus comme un "plus" agréable, mais comme une composante essentielle d'une approche holistique des soins palliatifs - une intervention fondée sur des preuves qui combine efficacité thérapeutique et profonde humanité.
Tu veux me partager ton expérience ? Laisse-nous un commentaire, c’est toujours un plaisir de te lire !
Cet article se base sur la revue scientifique "Animal-Assisted Therapy in palliative care: a scoping review" publiée dans Frontiers in Psychology (2024) par Laura Palomino-Lázaro, María Rueda-Extremera et María Cantero-García.
Réponses