Quand la zoothérapie redonne voix et mobilité
Imagine une personne âgée, isolée par les troubles cognitifs, qui retrouve soudain le sourire en caressant un golden retriever.
Ce scénario n’est pas une fiction : une étude espagnole rigoureuse publiée en 2020 dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health montre comment la zoothérapie améliore concrètement la communication et la mobilité chez les personnes âgées vivant en CENTRE DE SOINS LONGUE DURÉE pour des personnes en pertes d’autonomie.
Alors que les x font face à des défis de taille — isolement, perte d’autonomie, surcharge de travail des équipes — cette approche thérapeutique innovante offre un souffle d’espoir et de douceur. Plongée dans une innovation thérapeutique qui fait aboyer les certitudes… et fondre bien des craintes.
L’essentiel en 30 secondes
Communication améliorée : +30 % sur l’échelle de Holden lorsque la zoothérapie est ajoutée en comparaison avec un plan de traitement régulier sans zoothérapie.
Mobilité préservée : résultats équivalents à la physiothérapie classique (échelle de Tinetti)
Efficace à tous les stades : bénéfices de la déficience légère, à la démence sévère
Interactions sociales triplées avec la présence d’un chien
Bien-être global accru : meilleure humeur, engagement, sentiment d’utilité retrouvés
Réduction du stress comportemental : moins d’agitation, plus de calme
Une étude clinique qui bouscule les pratiques gériatriques
Menée dans deux CENTRE DE SOINS LONGUE DURÉE à Lleida (Espagne), cette étude a impliqué 46 résidents (âge médian : 85 ans) répartis en deux groupes durant 12 semaines. L’objectif ? Comparer les effets d’une prise en charge classique avec ceux d’une prise en charge enrichie par la pratique de la zoothérapie.
Groupe témoin |
Groupe expérimental |
Physiothérapie classique |
Physiothérapie + zoothérapie |
Amélioration mobilité : +22 % |
Amélioration mobilité : +24 % |
Progrès communication : +15 % |
Progrès communication : +45 % |
Les séances incluaient des exercices de marche, d’équilibre, et de discussion libre. Mais dans le groupe expérimental, ces activités prenaient une toute autre tournure grâce à l’intégration d’un chien : un berger australien entraîné pour intervenir en milieu gériatrique. Le chien n’était pas un simple spectateur. Il devenait partenaire de soin, créateur de lien et déclencheur de motivation.
Pourquoi ça fonctionne si bien ?
Décryptage scientifique 🧪
Le pouvoir du lien animalier
Comme l’explique Dr. Rodrigo-Clavero : « Le chien agit comme un catalyseur social. Il crée une rupture dans la routine institutionnelle. »
- 92 % des résidents initient spontanément un contact physique avec l’animal
- 67 % se remémorent spontanément des souvenirs liés à leurs anciens animaux
- Temps d’attention prolongé de 40 % versus les séances sans chien
L’animal devient un point d’ancrage émotionnel, un déclencheur de récits personnels, et parfois même une raison de se lever le matin. La simple présence du chien crée un climat de confiance, de sécurité affective et d’ouverture.
Une double action neurophysiologique : la stimulation agit sur deux fronts
- Sécrétion d’ocytocine (+18 % selon d'autres études) → réduction du stress, diminution de l’agressivité ou de l’apathie
- Activation du cortex préfrontal → amélioration des fonctions exécutives (prise d’initiative, communication, concentration) des participants qui osent prendre des risques calculés (se lever, se pencher) tout en verbalisant leurs actions.
Ces effets se manifestent rapidement et peuvent améliorer non seulement la qualité de vie des résidents, mais aussi le climat global de l’unité. Un résident plus calme et plus engagé, c’est aussi un soignant moins débordé et une équipe plus soudée.
Une ambiance motivante et ludique
Les séances, loin d’un cadre médical rigide, prennent des allures de moments joyeux : lancer de balle, parcours moteur ludique, soins à l’animal, caresses, rires… Ce climat détendu facilite la participation active, même chez les patients les plus réticents. Le chien devient une porte d’entrée vers l’autonomie, l’expression et le mouvement.
Un résident a nommé pendant l’étude : « Grâce à ce chien, je me sens moins seul, moins inutile. Il me donne une raison de me lever le matin. »
Si on désir reproduire le protocole de l’étude :
Structurer les séances
- Durée : 45 à 60 minutes, 1 à 2 fois par semaine
- Taille du groupe : 5 à 6 résidents selon leur condition en tenant compte de leurs capacités et de leurs affinités.
- Déroulement type :
- Présentation du chien et prise de contact
- Activités motrices et cognitives (jeux, mémoire, petits défis moteurs)
- Soins prodigués au chien (brossage, nourriture, récompenses)
- Échanges et discussions spontanées ou guidées autour du thème des animaux et des souvenirs.
L’implication du personnel est cruciale. Le duo chien-intervenant agit en complémentarité avec l’équipe soignante, qui peut ainsi observer les réactions des résidents et ajuster les autres volets de leur prise en charge. Des retours hebdomadaires ou un journal d'observation permettent de suivre les progrès et de valoriser les réussites.
Pour évaluer les effets du protocole, l’étude s’est basée
- Échelle de Holden : communication verbale et non verbale
- Échelle de Tinetti : mobilité, équilibre et marche
- Questionnaires de satisfaction auprès des résidents, familles et personnel
- Observation qualitative : humeur, autonomie, interaction spontanée
Les pièges à éviter
- Improviser : chaque séance doit être préparée selon des objectifs individualisés
- Surcharger l’animal : ne jamais dépasser 2 h d’intervention par jour
- Uniformiser les activités : varier selon l’énergie du groupe et l’état de santé des résidents
- Oublier le rôle humain : le chien est un facilitateur, pas un substitut au lien relationnel avec le personnel, et le zoothérapeute.
- Négliger la formation : l’intervenant doit comprendre à la fois le comportement animal et les besoins des personnes âgées et savoir comment intégrer l’animal.
Des perspectives prometteuses
Cette étude ouvre de nouvelles voies pour :
- Intégrer la zoothérapie dans les programme de prise en charge de la maladie d’ Alzheimer et troubles cognitifs
- Partenariats avec les centres de soins longue durée et les associations spécialisées
- Explorer l’utilisation d’autres animaux (chiens, chats, lapins, chevaux miniatures...)
- Former davantage de professionnels à cette approche
Alors que le nombre de personnes âgées dépendantes ne cesse d'augmenter dans un contexte où le personnel soignant est souvent débordé et où les résidents souffrent d’un manque de stimulation, la zoothérapie représente une bouffée d’air. C’est une approche du lien, du vivant, du sensible. Elle redonne sens, mouvement, et émotion.
Source : Rodrigo-Claverol M. et al. (2020). Animal-Assisted Therapy Improves Communication and Mobility among Institutionalized People with Cognitive Impairment. International Journal of Environmental Research and Public Health, 17(16), 5899.
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